Savez-vous comment Paul Auster est devenu écrivain ?
Paul Auster est un grand écrivain Américain. Il est l’auteur de nombreux livres, dont l’un des derniers est 4321. C’est un auteur que j’adore, dont les thèmes qu’il traite me touchent beaucoup. Ses livres sont toujours porteurs de beaucoup d’interrogations existentielles et profondes. Parfois même, plutôt ambitieuses…
Retour sur 4321
Il me faut expliquer 4321 pour ceux qui ne connaitrait pas le livre tant son ambition est passionnante et intéressante à bien des égards.
Le livre raconte l’histoire de Ferguson, de son enfance à son entrée à l’âge adulte, dans la banlieue de New York, au début des 1960. Sauf que le récit va se scinder en quatre évolutions différentes du personnage principal. L’histoire part d’un même point de départ, la naissance, mais les vies de Ferguson vont varier ensuite, grâce ou à cause d’évènements qui arrivent. Paul Auster donne donc l’histoire d’un Ferguson numéro un, deux, trois et quatre.
Le but est de montrer comment un détail peut bouleverser une vie. Comment le hasard peut agir sur notre destin. Que se serait-il passé si cet incendie s’était déclenché plus tard ? Si la foudre était tombée 10 mètres plus loin ? Si je n’avais pas fait cette rencontre ?
Paul Auster veut montrer que, bien que nous soyons fort de notre liberté, que nous avons le pouvoir d’agir, le pouvoir de la volonté… Nous sommes tout de même soumis à cette force mystérieuse et insidieuse qu’est le hasard.
Il interroge également sur les vies possibles. Comment accepter que d’autres vies soient possible ? Où vont ces vies ? Et comment vivre avec ce vertige d’autres vies possibles, à côté de nous ?
Voilà (entre autre, car ce vaste roman compte plus de 1000 pages) ce que l’auteur tente de percer.
Les thèmes traités par Paul Auster
Son écriture est empreinte de beaucoup d’interrogations sur la vie. Et notamment sur la quête de l’identité au moment de passer adulte. Dans plusieurs de ses romans, le héros est à un moment charnière de son existence. Le héros est souvent tourmenté, pris dans des interrogations profondes sur son futur et sur lui même. Le héros de Moon Palace est pas exemple confronté à l’absurde de l’existence, et il prend le parti pendant un temps de se laisser mourir, en ne mangeant plus, et ne faisant que lire les livres qu’il a eu en héritage et qu’il devra revendre pour survivre. Dans sa Trilogie New Yorkaise, il en est beaucoup question aussi, notamment dans la Cité de Verre, où le personnage principal oscille entre trois identités…
Un autre des thèmes réguliers est celui de la chance, du hasard, de l’imprévu. Quelle importance le hasard a t-il sur la construction de nos vies. Justement dans 4,3,2,1 dans lequel il essaie d’en montrer tout l’impact, tant sur le plan de l’identité, mais aussi des passions, de l’amour, des idées. Mais aussi dans Moon Palace. Mêlé au thème de la coïncidence.
Les coïncidences sont elles écrites ? Suivons nous une voie tracée ? Ou le hasard est-il une force qui intervient dans nos vies, et réalise des évènements totalement improbables. Le dénouement de Moon Palace est d’ailleurs très inattendu, mais ô combien touchant.
Dans tous ses livres, l’art et plus précisément la littérature jouent une grande importance. Ils permettent d’accéder à soi. De mieux se connaître. Egalement de se développer et d’affirmer son intériorité et ses convictions. Beaucoup de ses héros écrivent. Tous les Ferguson de 4321 d’ailleurs, écrivent. D’une manière différente, par la poésie, le journalisme, la traduction, mais tous ont l’amour des mots. Manière de laisser supposer que cet amour des mots est plus puissant que le hasard qui régit nos vies. Le héros de Moon Palace qui se laisse mourir en lisant des livres est pour moi le signe, que si l’on retire tout à sa vie, si l’on se retrouve dans le dénuement extrême, la littérature reste pour sa force d’évasion, de rêverie, de poésie.
Comment donc, devient-il écrivain ?
Mais revenons en à la question d’origine…
Paul Auster a une histoire interessante lorsqu’il raconte la manière dont il est devenu écrivain…
Passionné de Base-ball, il allait voir son tout premier match à 8 ans. Après le match, il tomba nez à nez avec le joueur dont il était le plus grand admirateur. Il voulut alors lui demander un autographe. Sauf qu’il n’avait absolument rien pour le recueillir. Ni lui, ni ses parents. Ni papier, ni stylo. Pas d’autographe donc… Il raconte alors que ce jour là, il prit la décision d’avoir toujours un stylo et un carnet sur lui. Et c’est comme cela qu’il a développé sa passion de l’écriture.
C’est un heureux hasard finalement. Sans cette situation, il n’aurait pas changé ses habitudes, il n’aurait jamais pris la décision d’avoir un carnet et un stylo sur lui. Il n’aurait peut être jamais écrit.
Est-ce peut être pour cela qu’il parle toujours de ce thème de l’imprévu. Comme une sorte d’hommage…
Il montre que l’écriture est un état d’esprit. Toujours avoir un carnet et un stylo et noter ce qui nous touche. Ce qui nous semble étrange, ce qui nous émerveille. Voilà une belle leçon pour inciter à saisir la poésie du monde.
Par la suite, Paul Auster a rapidement développé un fort intérêt pour la littérature et a commencé à écrire des poèmes, des histoires. Il a reçu aussi en héritage de son grand-père une vaste bibliothèque, qui a contribué à son amour de la lecture.
Très vite, son but est alors de « Combiner l’étrange et le familier » tout en tentant de décrire les « vastes et mystérieuses forces invisibles cachées sous le réel », comme le dit son personnage de Ferguson dans 4321. Même si ce n’est pas un roman autobiographique, comment ne pas lui associer cette formule, tant cela décrit à merveille ce qu’il écrit. L’étrange et le familier sont omniprésents. Et ces forces invisibles… Elles constituent tous les tourments qu’affrontent ses personnages.