La semaine inoubliable de… Vincent Defrasne

En début de semaine, j’arrive à Anterselva. Je me sentais très en forme et nous avions la semaine pour peaufiner les derniers détails avant le début des mondiaux.

Mais le mardi, pendant le dîner, je reçois un appel de ma femme… L’accouchement est imminent. Notre premier enfant ne va plus tarder. Je fonce chercher des affaires et je prends la route. Je ne veux pas rater cet évènement unique dans une vie. Au volant, l’excitation monte. À une heure de la maternité, j’apprends que notre enfant est né. Tout va bien. Le soulagement et la joie sont immenses. J’ai hâte de tenir notre enfant dans mes bras. 

J’arrive au milieu de la nuit auprès de ma femme. Je découvre mon petit bébé. Je suis aux anges. Après une nuit quasi blanche, le mercredi se déroule comme dans un rêve, nous partageons des moments d’un bonheur inouï.

Jeudi, je continue de planer sur mon nuage. Puis ma femme me propose de retourner à Anterselva pour m’aligner aux courses en fin de semaine. Je ne pensais plus au ski depuis mardi. L’idée fait son chemin. Je ressens un étrange mélange d’émotions. Je ne veux pas les laisser, je veux encore profiter de ces instants intenses, pourtant j’aimerais bien faire ces courses. Je décide finalement d’y retourner pour participer au sprint du samedi. Les quitter est un arrachement. 

J’aborde le sprint plus léger que d’habitude. Je veux prendre un maximum de plaisir. Je ne ressens aucune pression car je sais que ma préparation a été à l’inverse de ce qui est normalement conseillé. Je n’ai touché ni aux skis ni à la carabine depuis quatre jours… Je n’ai pas dormi…

J’obtiens une place correcte, de bonne augure pour la poursuite du lendemain.

Le dimanche, je donne tout. Je pense à ma femme et à mon fils que j’imagine en train de me regarder à la télé. Le bonheur m’enivre alors que je suis à la lutte pour le podium. J’obtiens le bronze à l’issue d’une belle bataille… La voilà, ma première médaille en championnat du monde. 

Ce fut l’une des semaines les plus intenses et riches en émotions de ma vie. Je réalise à quel point le bonheur est un carburant puissant dans la vie. Il faut le placer dans sa visée, et ne plus le lâcher.

Laisser un commentaire