Vous vous souvenez de la sensation que l’on ressentait quand on était enfant et que l’on recevait le tout nouveau jouet dont on avait rêvé pendant des mois ? On ouvrait le paquet cadeau et les étoiles emplissaient nos yeux. Un tout nouvel univers allait s’offrir à nous. A peine l’avait-on déballé que l’on se demandait comment on avait bien pu vivre autant de temps sans lui.
C’est à peu de choses près ce que j’ai ressenti lors de ma première sortie de Gravel.
Je l’avoue, j’ai parfois fait partie des grincheux qui disaient “Le Gravel ? A quoi ça sert ? Tu fais moins que du VTT, et tu te traînes sur la route…” Il faut monter dessus pour comprendre ce qui se joue là. C’est une révélation, une épiphanie, une révolution. Une toute nouvelle dimension. Elle était là, on le savait, mais on n’osait pas y croire.
Au cours de ma première virée sur ce nouveau jouet, je suis passé par tous les états. J’ai béni son inventeur pour la légèreté de l’engin dans les montées ou dans les délicieuses relances sur les petits sentiers. J’ai avalé avec délectation la poussière et les gravillons sur les longues pistes sablonneuses. Puis j’ai maudit ce vélo de torture dans ma première grosse descente technique… Car oui, c’est comme tout, il y a un certain apprentissage. Les descentes sont moins aisées qu’en VTT. Mais avec quelques heures de pratique, on prend de l’aisance dans les descentes. Elles deviennent même extraordinaires. Dans l’une d’elles, j’ai eu l’impression d’être à ski, à faire du carving à toute vitesse, et voir jaillir des immenses volutes de neige sous mes roues. Puis après avoir regagné la route, quel plaisir de ne pas se sentir collé à elle.
Un coup de foudre c’est aussi cela, des hauts et des bas. Mais les hauts sont ici des cimes jouant avec les étoiles, si hautes que les côtés négatifs sont oubliés.
Qui plus est, quel meilleur endroit que l’Esterel pour découvrir cette pratique ? Les sentiers sont d’une terre si rouge, les paysages sculptés dans la roche écarlate, la végétation a cette senteur si paisible du sud et des vacances. La vue sur la mer est étourdissante. C’est véritablement l’un de mes endroits favoris sur cette terre. Je me demande même si un décor aussi grandiose n’aurait pas atténué les sensations extraordinaires fournies par le vélo.
Ma recommandation pour une découverte du Gravel: Essayez votre vélo dans un endroit sans charme, par un temps grisâtre, sans aucune vue (je ne citerai pas de nom de région pour ne pas me faire d’ennemi…). Vous ressentirez mieux la grandeur de ce vélo.
Maintenant que j’ai goûté à cela, je me demande bien ce que je vais faire… La route et le VTT sont des disciplines géniales. Mais la versatilité du Gravel, la voilà la clé. C’est un remède à la mélancolie. C’est une poison anti monotonie. En Gravel, l’ennui n’existe pas. En Gravel, les barrières tombent… En Gravel, tout n’est que grâce et sarabande.
Le problème: Le vélo appartient à mon père qui me l’a prêté pour une semaine et ne l’a pas encore essayé. Sauf que maintenant je ne vois plus comment m’en passer… Que faire ?
Peut-être lui dire qu’il n’aimera pas, que c’est trop dangereux, qu’il ferait mieux de me le laisser, je lui trouverai bien une utilité…
Je ne peux que vous recommander d’essayer le Gravel. Cela ne fait aucun doute que vous en tomberez amoureux à votre tour. Le seul risque est de peut-être devoir attendre le début de l’année prochaine pour acquérir l’une de ces montures fantastique.