Strava est devenu un incontournable pour de nombreux sportifs passionnés. Dans le cyclisme ou en course à pied, il est très utilisé, mais suscite encore des divisions dans les pelotons. A l’annonce de la modification de son offre gratuite au profit de son offre payante, les réactions sont vives. Entre réfractaires et thuriféraires, retour sur cet outil qui divise.
Un outil pour s’améliorer, comparer et recréer un esprit de compétition
J’ai un attachement particulier à Strava. Compulsif, obsessionnel, ou simplement passionné. Je peux y passer des heures.
A éplucher une sortie que j’ai réalisé. A regarder si aujourd’hui j’ai été plus rapide qu’il y a un mois et demi sur tel segment. Si j’ai le meilleur temps de la semaine sur tel autre. Le temps que j’avais réalisé l’an passé au mois d’avril. Bref, Strava permet d’observer et de disséquer sous tous les angles une sortie. De recueillir quantité de data, même si l’on ne dispose pas de capteur de puissance, ou de cardio.
Avoir cette capacité d’analyse procure une joie indéfectible, un sentiment de toute puissance, tel un démiurge sur son ordinateur. Comme si on pouvait se mettre dans la peau d’un grand directeur sportif qui analyse les résultats des stratégies mises en place. Même si je le pense, cela permet bel et bien de s’améliorer.
Cet outil permet également de se comparer. Avec les rythmes de vie qui diffèrent, il est parfois difficile de faire des sorties de groupe. Strava remplace un peu les pancartes du mercredi après-midi lors des sorties de club. On peut voir après coup quelle sortie a fait cet ami, à quelle vitesse est-il allé. Strava a la capacité de recréer du lien entre les sportifs qui pratiquent individuellement. Et plus que du lien, il recrée un sentiment de communauté au travers d’un partage sain. Il recrée l’émulation des clubs et des sorties que l’on a connu quand on était jeune.
Découverte et immersion
Il permet en outre de belles découvertes. Il n’est pas rare qu’en regardant les temps d’un segment que l’on fait régulièrement, on tombe sur un danois qui a explosé notre temps sur un KOM de 2 minutes. (Mince alors, c’est pourtant plat le Danemark non ?) On se prend alors au jeu d’aller voir son profil. C’est là le génie de l’application. On est alors capable de se mettre dans le quotidien d’un cycliste danois vivant à Copenhague. Quelle sorties fait-il ? Comment sont les routes ? La météo ? Et on peut faire cela partout dans le monde. Cette capacité à se rêver en cycliste ou coureur dans n’importe quelle partie du monde c’est l’une des choses que je préfère avec cet outil.
Et parfois, pas la peine d’aller bien loin pour trouver des comptes Strava qui se révèlent être des pépites.
J’admire par exemple ces coursiers à vélo qui parcourent des centaines de kilomètres par jours en cargo bike, et cumulent 70 heures par semaines.
Ou plus sobrement les « vélo tafeurs » qui parcourent quotidiennement un même parcours, quelque soit la météo. J’admire cette volonté et cette force mentale chez eux.
Ou bien encore les comptes des professionnels ou ultra cyclistes dont les moyennes et parcours laissent tout simplement rêveurs.
A la découverte de nouveaux lieux
L’une des meilleurs choses avec Strava, c’est aussi de pouvoir tracer un itinéraire. Avec le concepteur et la heat map des activités, on est capable de tracer de beaux parcours dans des lieux que l’on ne connait pas, mais aussi de découvrir de nouvelles routes non loin du lieu où l’on habite.
En se méfiant toutefois… J’ai quelques expériences douloureuses avec cela: En Pologne, pour rouler aux alentours de Cracovie j’ai à de nombreuse reprise utilisé cet outil pour tracer de nouveaux itinéraires. Quelle ne fut pas ma surprise quand, perdu dans la campagne polonaise, suivant scrupuleusement ma trace GPS, la route soudain… s’arrête et laisse place à un chemin en gravier tout défoncé au milieu de deux fermes et ses poules sur le bas côté. Là, intervient le terrible dilemme du « Je teste ou je fais demi tour ». Puis on se dit que l’on va essayer sur 50 mètres, puis 100, puis 200, puis on se dit que c’est trop tard pour faire demi tour… Et me voilà parti pour marcher pendant un quart d’heure le vélo sur le dos en priant pour que ma route réapparaisse.
C’est pourquoi, désormais, je prends bien garde à bien vérifier mes tracés en regardant sur plusieurs cartes différentes si les routes existent toujours bel et bien.
Esthétique et comportement irrationnel
Enfin, plus irrationnel encore. Strava a réussi à modifier mon rapport à la sortie cycliste: Pour l’esthétique de la trace GPS. Souvent dans mes sorties, je me demande à quoi ressemblera ma trace GPS lorsqu’elle sera représentée sur une carte. Privilégier une belle trace GPS m’est devenu important. Il ne faut pas faire de vulgaires aller-retours sur la même route. Ce n’est pas beau. Non, ce qu’il faut, c’est privilégier une belle boucle qui laisse apparaitre une jolie forme sur la carte. Un grand cercle, une figure géométrique parfaite…
Si je ne me suis pas encore laissé tenter par la mode du « GPS Drawing », je me suis à de nombreuse reprise dit « Ne prends pas cette route, prends celle là, ça sera plus beau sur la trace GPS ». Ce qui peut mettre en retard. Ou bien pire, provoquer une petite hypoglycémie car on s’impose une côte qui n’était pas prévue. (Mais bon, cela valait bien le coup, non ?)
Alors, Strava ami du sportif ou puissance corruptrice ? Le débat est sans fin. Et vous, quel est votre relation avec cet outil ?
Un avis sur « Quel est le rapport du Sportif à Strava ? »